13 juillet 2007

 

D’une catastrophe annoncée

J’ai commencé à œuvrer dans le développement économique à l’été 2003. À cette époque, le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain était de 0,72 $. D’ailleurs, un de mes premiers mandats avait été de préparer une activité de sensibilisation. En effet, la monnaie canadienne avait commencé son appréciation (elle était à 0,64 $ en janvier 2003) et on prévoyait qu’elle pourrait atteindre, à moyen terme, 0,80 $ ou même 0,85 $.

L’horreur se lisait sur les visages. Comment notre économie, fortement exportatrice, pourrait résister à cette appréciation? En janvier 2003, un entrepreneur qui vendait du matériel pour 1000 $ US touchait 1570 $ pour payer ses travailleurs, la matière première, ses frais fixes, ses taxes et impôts et pour faire son profit.

Quelques mois plus tard, il ne touchait plus que 1381 $ canadien pour son 1000 $ US. Les experts anticipaient donc, avec raison, de sérieuses difficultés pour le moment où le 1000 $ US ne vaudrait plus que 1226 $ (à 0,80$).

La question se posait alors. Comment les entrepreneurs exportateurs pourraient-ils continuer à faire des affaires au Québec, si, pour la vente de 1000 $ US de produits, ils touchaient 350 $ de moins une fois les opérations de change effectuées? Parce que on le sait, ils sont déjà pris à la gorge par les salaires trop élevés, par la rigidité imposée par les syndicats, les taxes et impôts levés par les différents niveaux de l’état, et qu’il ne reste presque plus rien pour les profits! C’était les commentaires des « experts »!

Aujourd’hui, lorsqu’un entrepreneur vend 1000 $ US sur les marchés internationaux, on n’obtient plus que 1048 $ canadiens. Il y a donc beaucoup moins de sous pour ses frais, et pour faire son profit.

Pourtant, en juin dernier, le marché du travail a connu son meilleur mois en 33 ans. Le taux de chômage se situe à 6,9 %, de plus en plus près de l’Ontario. C’est 69 500 emplois à temps plein qui se sont ajoutés dans les 6 derniers mois. Bien sûr, des emplois dans le secteur manufacturier ont été perdus, mais la force du secteur tertiaire (qui ne compte pas seulement la vente et les services) prend continuellement de l'expansion.

L’économie québécoise doit donc être performante pour absorber cette baisse de revenu des exportateurs et continuer à créer des emplois. Surprenant, n’est-ce pas, avec tous ces « experts » qui nous disent continuellement que le Québec est un endroit de merde pour brasser des affaires!

* * *
En terminant, je vous suggère un beau petit utilitaire pour les taux de change! C’est ici, sur le site de la Banque du Canada.

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Comments:
Bernard Landry avait déjà dit "Avoir une monnaie faible, c'est comme prendre de la drogue : au début on a bien du plaisir mais on finit par se retrouver avec bien des problèmes".
 
Pourtant, il semble que le sevrage ne soit pas si dur. Quelques mals de bloc, un peu de baboune, mais loin du recours à la méthadone pour s'en sortir de notre dépendance au dollar à 64 sous!
 
Merci pour l'explication Guill. C'est très intéressant, et c'est rassurant de savoir que les mythes des experts ne sont pas vrais.

Surtout j'apprécie le lien vers les taux d'échange. Je pars en France et en Angleterre le mois prochain, et ça fait un bout de temps que je cherchais un site qui me donnerait le moyen mensuel des taux d'échange, et finalement je l'ai trouvé. Merci! Le dollar fort est très bien lorsqu'on a besoin d'acheter des Euros et des Livres!
 
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